La vita e bella!

C’est à peu près la totalité des mots italiens que je connais. Mais ils contiennent l’essence du dernier mois. On a été plutôt tranquille côté blogue… ça veut pas dire qu’on n’a rien à partager, au contraire: on en a trop! Tellement qu’on ne sait plus si on doit retourner en arrière et relater nos arrêts tel un guide touristique, ou juste vous présenter une collection Best of de nos photos, en désordre, ou comme ça vient.

Alors force est de constater, que même en pause du rythme effréné de la vie quotidienne, le retard me rattrape! Mon journal de bord façon papier est bloqué au Texas, et hier j’ai trié des photos datant du 13 avril… quasiment un mois! Pourtant, j’ai huit heures de plus par jour sans obligation travail. Je me lève vers 8h et me couche vers 21h30. Bien qu’on pourrait débattre longtemps sur les raisons de ce retard, disons juste que tout est une question de priorité… et que là, dans ce paradis de chaleur, de roches rouges et de fleurs sauvages, entourée de ceux que j’aime, j’ai d’autres priorités que la correspondance! On s’était dit que ce blogue ne devait pas devenir une obligation… alors voilà, on le néglige et on vous demande d’être indulgents! De toute façon… vous n'êtes pas tellement bavards non plus, même si on sait, par les stats du blogue, que vous nous suivez. J’imagine que ça s’équilibre!

Alors pourquoi ne pas commencer par la fin. Après tout… la vie est belle quand on commence par le dessert! On verra s’il reste de la place pour le reste après… Maintenant, il faut établir c’est où la fin… parce que là on revient d’une escapade dans le coin de Capitol Reef NP et de Bryce Canyon NP. Mais comme c’est trop frais, je vais garder ça pour plus tard… mais on vous fait un petit coucou de notre rando de 6,1 km à 7 000 pieds d’altitude par 25 degrés à Bryce. Ma championne était morte après!

Les reines de Queen's Garden à Bryce Canyon NP

Ouf... elle a gagné ses épaulettes! On a fait le reste en navette, après une bonne crème glacée!

J’ai envie de vous parler des trois semaines où on a trainé dans la région du parc national de Zion, ce qu’ils appellent le Southwestern Utah! Initialement, on devait faire un peu de rando, de vélo, puis passer à autre chose, mais finalement, on a carrément élu domicile dans un rayon de 250 km carrés. Bien sûr on a fait un peu de car hiking, un principe qui veut qu’on voie du paysage dans le confort de notre van, les trois assis sur la banquette avant. On a traversé le parc de Zion en entier par la 89 direction Page, AZ pour se poser à Lake Powell, puis retour par la 89A, et détour par ci, par là car les routes sont presque toujours notées comme panoramiques dans ce coin de pays!

Car hiking dans Zion NP

Rando dans les roches rouges de Red Cliffs Conservation Area (on voit une tortue de roche en haut!)

On a respecté notre engagement et on a rarement fait plus de 60 km/jour de route. Entre notre arrivée à Hurricane le 15 avril et notre départ de St. George le 4 mai, on a payé 6 nuits sur 19, pour une moyenne de 6,15 US$ par nuit! Hormis les 4 nuits au Walmart, on a dormi 7 nuits dans les BLM de la région de Hurricane/Virgin où le décor se transforme au fil des heures selon la position du soleil.

On s’est fait plaisir côté plein air. On a marché nos 5 km dans Zion NP en famille, juste pour le fun de dire qu’on a visité Zion… car c’est un parc bien trop achalandé pour moi (déjà à 10h le matin en semaine, faut se stationner à l’extérieur du parc et prendre la navette tellement y’a du monde).

Sentier Emerald Pools à Zion NP. On passe sous une petite cascade.

Juliette et moi avons fait de la rando pendant que papa faisait du vélo. On a rempli nos sandales de boue rouge dans un wash sur la Jem Trail du réseau de Hurricane Cliffs. On a pris ça cool une journée à trainer autour de Zingaro, alors que papa en voyait de toutes les couleurs (de la verte à la noire) sur la trail de vélo de renommée internationale qu’est Gooseberry Mesa.

Zingaro qui reste seul au trailhead de Jem Trail

On croise papa sur le retour, lui en vélo sur le sentier, nous dans le wash!

Juliette réussit un pied-main à la sortie du wash, pour la fierté de son papa!

On a glandé en famille les deux pieds dans le sable le long de la north river où on a rencontré des gens comme nous: minimalistes, outdoorsy, passionnés de ce qu’ils font. Deux jeunes de 28 ans du Texas qui ont plaqué leur job il y a bientôt un an pour vivre la vanlife à l’année dans un Honda CRV; un grimpeur du nord de l’Utah qui venait à Zion pour pratiquer son ascension multipitch en solo et qui dormait dans un sprinter qu’il avait aménagé lui-même pour sa famille de 4 enfants… vous pouvez imaginer la conversation entre les deux patenteux!

Souvenirs d'enfance pour papa: camper sur le bord d'une rivière

Photo de famille dans le hamac reçu à Noël de tatie Karine et mononcle Paul!

Un vrai souper steak frites, avec les restes du resto!

Mais… comme on devenait un peu trop familiers avec la région, et qu’on avait besoin de recharger la batterie de Zingaro car notre panneau solaire a lâché et notre nouveau était en transit depuis… l’Ontario, on a quitté ce qu’ils appellent Your Public Lands, pour se poser deux jours à Snow Canyon State Park avant de quitter la région pour le nord, météo oblige (il fait trop chaud, même assis à l’ombre sur l’heure du souper).

Les carnivores ont chaud!

De temps en temps, on fait une petite promenade en ville pour se payer un bon latté avec de l’internet, manger de la crème glacée ou jouer dans un parc pendant qu’on fait du lavage. Et Juliette en redemande! Faut croire que sa vie montréalaise lui manque. Pendant ces 3 semaines, on a donc fait deux visites à Springdale, aux abords de Zion, pour manger en terrasse et magasiner dans les boutiques de plein air. On a passé deux jours à faire le grand ménage dans un parc de Page, en Arizona après avoir subi une énième tempête de sable sur la plage.

Une itinérante de 5 ans rencontrée dans un parc.

On a aussi bien joué dans les modules et les jeux d’eau du parc à Hurricane. Mais notre coup de coeur va a St. George, petite ville fort sympathique qu’on a découverte un samedi matin où on voulait offrir à Juliette une vraie pause du plein air pour aller au St. George Children’s Museum. Elle en a profité pour jouer à Valmont (notre épicerie du coin à Montréal), chanter et danser costumée sur les musiques de la Reine des neiges, prendre l’avion avec ses bagages, devenir garagiste, bref, que du bonheur, à l’air climatisé!

Traire une vache à eau!

Maman change le muffler de sa Subaru WRX avec l'aide de la garagiste Juliette!

Juliette part pour la France pour voir Mamie & Papy!

Puis, sur les étendues gazonnées entourant le musée, on a joué dans les jeux d’eau, fait un pique-nique, un tour de carousel et, comble de bonheur, il y avait une fiesta latino « el festival de la primavera » avec musique live et jeux gonflables. Pour souper, on s’est trouvé une super pizza cuite sur feu de bois, un latté… et tadam! C’est assez pour nous garder là jusqu’à 20h; craie de trottoir ou vélo en mains, Juliette refusait de rentrer. Et nous aussi on se sentait bien… on se sentait chez nous, à l’autre bout du monde.

Ça roule! Romane adore ça!

Mais qui aurait dit qu’au delà de cette petite ville en effervescence, entourée de petites gated communities, se cachait un si beau décor! La couleur des roches à Snow Canyon en fin de journée est irréelle! Et qui aurait cru qu’un lundi, à 16h, le camping serait plein! Argh! On pense pas à ça nous… on vit au gré du vent! La dame à la guérite nous dit que si on veut un site, faut faire la file dès 8h30 le matin! On rebrousse donc chemin dans un BLM ordinaire quoique verdoyant, mais bon… quand c’est gratuit, tu peux pas te plaindre!

Juliette trop fatiguée pour revenir à Zingaro sur ses pattes...

Ça valait la peine de se lever tôt car Snow Canyon est encore plus impressionnant de l’intérieur que de l’extérieur! Stef fait du repérage à vélo pour voir si Juliette peut faire une ballade avec nous jusqu’aux dunes de sable rouge sur sa draisienne (son vélo, auquel on a enlevé ses pédales plutôt que de se battre avec elle), mais juste comme on s’apprêtait à planifier l’ordre des randos et rides de vélo de la journée, Stef essaie de brancher le kit de survie… échec du groupe électrique. On paie pour avoir de l’électricité et le chargeur tombe mort. Il fonctionnait le matin pourtant… et comble de malchance, 2 jours auparavant, il avait hésité à en acheter un nouveau. On se résigne au plus efficace: Stef ira en ville faire des courses pendant que Juliette et moi on fera du vélo. Tout est bien qui finit bien, et le lendemain, la batterie est pleine et on est capables de faire de la rando en famille. On décide que c’est à mon tour de me faire plaisir, après les journées de vélo passées dans Hurricane. On trouve une rando légère et courte pour Juliette qui rentrerait avec Stef au camping, alors que moi je continuerais seule.

Juliette adore les petites cachettes créées par le vent, la pluie et la glace!

Ouf… le guide disait « strenuous hike ». Je comprends pourquoi: 35 degrés, sous un soleil de plomb, dans une allée de 10 pieds de large de sable rouge mou, quasi sans végétation ou abri pour donner de l’ombre. C’est donc à deux pas devant, un pas derrière que je me suis enfoncée dans ce sentier.

Stef m’avait dit: « prend la trousse de premiers soins et un walkie-talkie », mais je lui avais répondu qu’il y aurait plein de gens, et que c’était juste huit kilomètres.

Ben j’ai rencontré ma dernière touriste peu après m’être séparée de Stef et Juliette. Après: pas un chat, que des lézards et des vautours!

Seule au monde, comme je l’aime, avec des fleurs partout!


 Mais bon… ça devient inquiétant après un moment d’être seule car on a personne à qui demander « c’est encore loin Grand Schtroumpf? ». À un moment je me demande si ça vaut la peine de continuer, j’essaie de me rappeler ce que disait le guide à propos du point à atteindre, quand tout à coup, paf! C’est la fin. Une falaise rouge se dresse devant moi avec, à ses pieds, une flaque d’eau couleur douteuse. Heureusement pour moi, aventurière, c’était pas la vraie fin! En fait, il y avait un canyon invitant qui sillonnait le long de cette falaise. J’ai pris à droite, voyant des pas dans le sable.

Puis ça se transforme en roches lisses, et je galope en me disant que c’est plus amusant que le sentier balisé! Mon sac à dos passe à peine dans les branches… va falloir que je rebrousse chemin… mais pas avant d’avoir réussi à voir ce qu’il y a de l’autre côté de cette roche. Wow! C’est ici que je me pose pour manger!

Des bassins bien frottés, creusés par l'eau

Sur le chemin du retour, j’ai suivi des sentiers utilisés par les animaux; bien moins fatiguant que le sable mou! J’avance plus vite, je découvre d’autres beautés et j’oublie que j’ai chaud, que je suis fatiguée, et que ma foutue cheville, tordue à la mi-mars, me fait toujours souffrir. Il y a un principe qui fait en sorte que c’est toujours moins long de revenir que d’y aller. Je gambade donc avec plus d’entrain qu’à l’aller quand tout à coup, je m’arrête! Ça doit être trop beau de l’autre côté… pourquoi la trail passe pas en haut? Oh well… vous me connaissez… c’est pas un sentier balisé qui va m’arrêter! Ça valait le coup, non?! Je rentre crevée et je rampe jusqu'à la douche!

Résumé de cette région: sable rose, sauge argentée, buissons émeraude, roches rouges, falaises blanches

C’est avec un pincement au coeur qu’on part le lendemain pour Bryce Canyon NP. On sait que cette région, qu’on n’avait jamais visitée lors de nos deux autres passages en Utah en 2010 et 2012, est un petit paradis encore inconnu de la plupart des voyageurs et sera sûrement transformé, voire payant, à notre prochain passage.

Mais on sait aussi que ce qui nous attend est majestueux et que d’autres aventures nous appellent…