jeudi 30 mars 2017

L'art de la farniente!

C’est dimanche matin. Je me réveille avant tout le monde, comme bien souvent. Depuis que Stef a transformé notre lit queen en quasi king (on a 70 pouces de large au lieu de 60 car il a fait faire un 180˚ aux sleepings, ce qui ne compromet en rien le confort des pieds car on se niche la tête dans les renflements des portes), Juliette dort un peu plus souvent avec nous plutôt que sur son lit de camp rose, surtout quand on s’arrête pour une seule nuit. C’est elle la vraie marmotte de la famille. Elle se cale dans son sleeping pour fuir la lumière, et ce matin ne fait pas exception. Je tire un peu le rideau pour voir si le soleil est passé de l’autre côté de la montagne: pas encore, mais le ciel n’est plus rose. Il doit donc être vers les 7h du mat. Stef remue, me sourit de son air endormi. Et comme le dit si bien le dicton: « quand la marmotte dort, les parents dansent », on s’accorde un petit moment d’intimité pour célébrer cette cinquième semaine qui débute. [Bon ok, au moment de publier, on a plus d'une semaine de plus d'écoulée]





On se félicite encore d’avoir eu la bonne idée hier d’arrêter voir ce qui se trouvait au bas de cette côte, la seule asphaltée depuis déjà 13 miles de planche à laver plus ou moins intense depuis Tortilla Flat. Car on est bien dans cette nature, sur le bord d’un lac, même si c’est un site un peu trop fréquenté par les locals avec leurs bateaux à moteurs, leurs génératrices et leurs BBQ. Déjà qu’on vient de passer quatre nuits dans un BLM pas très nature près de Tucson, qui en fait est un gros stationnement qui brille au soleil tant y’a du verre brisé au sol. C’était tout de même bien parce que c’était gratos et près des attractions principales (Saguaro NP et Arizona Sonora Desert Museum) et ça nous a permis de faire une mise au point des freins sur Zingaro (en fait, c’était le frein à main). Mais ce fut surtout l’occasion de rencontrer la famille des « Gaspésiens sur la route » et leurs amis Roger et Jacynthe, jeunes retraités, Gaspésiens aussi. Quelle belle rencontre, tant pour nous que pour Juliette, car ces nomades sont sur la route depuis deux ans avec leurs trois filles de 2, 4 et 8 ans! Je crois que l’isolement de la route et la barrière de la langue fait en sorte que quand l’occasion se présente, l’amitié surgit en 2 minutes et balaie toute réserve habituellement observée chez Juliette. Et pis c’est donc l’fun de jouer avec les jouets des autres dans leur petite maison sur roues, une fifth wheel de 30 pieds avec chambre privée pour les filles!



Mais ici, dans cette nature montagneuse où les saguaros se dressent parmi les fleurs jaunes, on se sent loin du tumulte de la ville… Jusqu’à ce que le soleil se lève et que le crétin en vieux pickup noir bruyant décide de faire des beignes devant le lac [insérer ici le bruit d’un vinyle qu’on raie]. Ok, c’est décidé, on trouve mieux. On ne passe pas la journée ici. C’est ça l’avantage du nomadisme: tu choisis le décor ET les voisins, chaque fois que le coeur t’en dit… ou ne t’en dit plus! On laisse quand même le temps à Juliette de jouer aux abords du lac pendant qu’on déjeune au soleil. Je fais un peu de photo, Stef prend le temps d’explorer en vélo la pente que Zingaro devra gravir pour retourner à notre planche à laver. Il est bien content d’avoir osé descendre côté gratos en gravelle plutôt que d’avoir pris à droite côté marina où les VR s’empilent les uns sur les autres. Quand on a un nouveau véhicule, la relation de confiance doit se développer, et Zingaro livre très bien la marchandise, surtout avec ses pneus de trail! Stef aussi, car je n’aurais pas aimé conduire dans ces routes sinueuses, souvent si étroites qu’on doit se ranger à droite à 2 pouces du ravin. Les ponts sont d’ailleurs à une seule voie dans le fond des switchbacks.



Ce voyage est bien différent des précédents en 2012 et 2010 car on a une panoplie d’outils électroniques pour guider nos déplacements. Entre les cartes routières qu’on zoome à l’infini (Google Maps, Maps me), les apps qui indiquent les endroits où on peut dormir gratuitement sur les terres publiques, dans les forêts nationales, les Walmart ou les casinos (Park advisor, All Stays), on tente notre chance avec Lower Burnt Corral, un BLM qui se trouverait pas trop loin de nous, sur le bord du lac Apache. L’avantage de bouger un dimanche en fin de matinée, c’est que certaines personnes ont déjà plié bagages. Notre karma habituel opère sa magie et on déniche LE plus beau site avec plage privée, table à pique-nique, rond de feu et des arbres pour accrocher le hamac. Ça va être un dimanche de farniente! J’ai enfin pu m’asseoir dans mon hamac avec mon livre du moment, un bon vieux Werber. Juliette joue dans l’eau avec sa planche de surf et Romane, sa fidèle poupée habillée d'un maillot fait par Grand-maman, et Stef assouvit son désir de vélo de montagne. « Kingjulian à Élibellune » annonce le walkie-talkie. C’est Stef qui est au sommet d’une colline avoisinante et qui veut partager son extase avec nous, réduites à des fourmis depuis son point de vue!



On s’improvise un petit lunch santé: une montagne de concombres, de tomates, de céleris au fromage à la crème, de carottes et d’avocats, avec des craquelins et des sardines. On arrose le tout de jus de légumes… c’est pas parce qu’on voyage qu’on se nourrit mal, au contraire! L'après-midi passe vite: on fait des allers et retours dans l’eau pour rejoindre une petite ile, on se fabrique une canne à pêche avec des leurres et des lignes perdus, Juliette vainc sa peur des créatures mortes et joue avec des carcasses d’écrevisses et observe les peaux de poissons qui flottent. Puis on profite du soleil pour faire chauffer notre douche solaire de 5 gallons et on passe tous les 3 au nettoyage en plein air avant que le soleil tombe, car l’air refroidit très vite sans soleil. Ça nous fait réaliser à quel point on gaspille de l’eau quand on est à la maison, dans le confort de l’abondance. On se fait un bon filet de saumon grillé sur le feu, on observe les chauve-souris virevolter au-dessus de nous et on s’endort… tellement satisfaits de notre journée!

Au matin: Juliette veut pas qu’on mette les voiles. Elle veut encore jouer dans l’eau et avoir des histoires dans le hamac. Soit. Quand on s’est dit qu’il faut s’écouter, ça incluait la petite aussi. Alors au lieu de plier bagages, on s’installe pour une deuxième journée de farniente! On fraternise avec les voisines, qui offrent à Stef d’utiliser leur kayak! Il emmène donc Juliette en balade pendant que je relaxe dans le hamac, livre à la main. Je n’aurai jamais autant lu du voyage! Au retour, ils sont enchantés… je crois que ça va prendre un kayak dans la prochaine version de Zingaro!


Apache Lake, vu d'en haut, le matin du départ


 

2 commentaires:

  1. Bravo Juliette! Oui c'est bon d'étirer le temps quand on a du plaisir. Amuses toi

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    1. Oui, les enfants ont un 6e sens pour tout ce qui est épicurien!

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