jeudi 9 mars 2017

Le parc national Big Bend: plus grand que nature!

Cette pause en ville à San Antonio nous a revigorés. On est des bibittes de ville, tout de même! Un latte digne de ce nom (je préfère m’en passer que de boire du Starbucks en route) et un développement urbain axé sur le plaisir que procure la marche en ville, sans vraiment être en ville car on est « sous terre » à ciel ouvert, sans voitures, c’était nouveau pour nous depuis le début du voyage. Et en fait, ça s’est trouvé à être une cassure, un nouveau départ. Je crois que sans s’en rendre compte, à vouloir faire de la plage en bums, on est tombés dans un autre extrême. On avait un peu perdu de vue ce qu’on venait « vraiment » chercher dans ce voyage: les décors enchanteurs, les montagnes, la solitude, le désert et sa végétation particulière. Ce qui, en fait, nous avait manqué lors de notre séjour en Floride en 2015.

Suivant notre nouvelle entente, on s’est spontanément arrêtés au réservoir Amistad. Bon… pas aussi spontanément que ça car on a raté l’endroit qui donnait directement sur le réservoir et qui était si beau vu de la route, mais on a pris un embranchement plus loin qui menait à une route… inondée! Un peu d’exploration en vélo dans les terres (c’est pratique!) et on déniche un site classé BLM gratuit. BLM, c’est Bureau of Land Management, les terres publiques des États-Unis. Certains ont des frais (généralement de 5 à 15$) alors que d’autres sont complètement gratuits car sans services. Mais on n’a besoin de rien car on traine notre eau (un réservoir de 18 L) et notre toilette portable (qui peut facilement nous durer 3-4 jours sans ajout de chimique). Stef fait un peu de vélo, Juliette et moi on se promène le long d’une rivière quasi asséchée où on voit des traces qui ressemblent à celles d’un cochon. On apprendra plus tard qu’il y a au Texas des javelinas, genre de sangliers sauvages. On cuisine le souper: crevettes sautées aux herbes salées, quinoa et brocoli. Le vrai régal, c’est qu’il n’y a pas un souffle de vent: quel changement par rapport à cuisiner sur une plage! Vient le coucher de soleil sur les collines: ça y est, on y est. On dit à Juliette que le « vrai » voyage commence! Ces décors, ces couleurs, nous rappellent à tous les deux pourquoi on aime tant le désert!



La vie "sauvage"

Le lendemain matin, on prend la route à 8h, ce qu’on fait rarement, même si on savait qu’il n’y avait pas vraiment de presse, car, encore grâce à notre Hot Spot, on savait que Perrine et François, arrivés la veille, nous avaient réservé un site au camping de Chisos Basin tôt ce matin-là. Comme dans bien des parcs, c’est premier arrivé, premier servi; et si on n’est pas là à 9h du matin, pas de place! Mais la route jusqu’au parc est plus longue que prévue… il vente en fou au point que Zingaro consomme plus que d’habitude. La lumière du réservoir à essence allume… heureusement, on n’est pas loin de Marathon, dernière ville avant le parc… mais le diésel à 3,99$ le gallon (50 cents de plus que d’habitude), c’est pas donné, même si c’est encore moins cher qu’à Montréal! Le camping de Chisos Basin affiche complet. Parait que c’est le plus populaire car c’est le point de départ de la plupart des randos. Comme on n’a pas de change et qu’il faut payer cash, 14$ la nuit, on prend 3 nuits: 42$. Wow, on réalise qu’on se pose enfin pour quelques jours consécutifs dans un endroit sauvage rempli de gens sympas qui sont là pour faire de la rando. Alors on y va d’une première rando, Juliette et moi, pendant que Stef fraternise avec des Québécois qui ont eux aussi monté leur propre Sprinter.


La petite randonneuse perdue dans le grandiose!

Jour 2, on décide de faire une rando en « familles ». Quand Juliette décide qu’on vire de bord, c’est les papas qui sont redescendus avec elle: moi j’ai continué avec Perrine et bébé. On était toutes les deux affamées de montagne et on s’est dit qu’on prendrait ça relax, à notre rythme. Well… après la première vista, d’où on pouvait encore capter les papa-poule au walkie-talkie, on leur annonce qu’on continue, qu’on fait le tour, et que la batterie se meurt, alors fin des communications!

Les familles de sportifs

Un 360 degrés dans un décor magnifique, nous permettant même de voir d’en haut le Rio Grande et le Mexique, au loin (très loin en fait). On croise des gens gentils, et qui sont curieux de cette femme avec un bébé. Quand ils entendent qu’on est Canadiennes, qu’on a conduit jusqu’ici, qu’on fait un trip de 6 mois: ah, que de questions! Finalement, cette petite rando nous aura permis de mieux nous connaitre Perrine et moi, car en fait, c’est la collègue de Stef et c’est la première fois qu’on passe du temps juste nous deux. Et c’est la première fois que je passe autant d’heures sans Juliette. J’admets que c’est relaxant de pas entendre « maman » à toutes les deux minutes, car l’un des gros défis de ce voyage, est de vivre 24/7 l’un sur l’autre. Et comme on est sa seule source de français et de compagnie… vous pouvez imaginer la dépendance que ça crée. Mais comme je la sais entre bonnes mains avec son papa, j’en profite et je savoure. Mais j’avoue que les deux derniers miles étaient de trop, car au final, on aura parcouru 17 km cette journée-là! C’était ma plus grosse rando depuis… euh… des années! Faudra penser à remédier à ça tout au long du voyage ainsi qu’au retour. Merci Perrine!



Sourire pour la photo... deux derniers miles avant les chips!

Jour 3. Malgré le froid d’une autre nuit passée à plus de 5 000 pieds (il fait entre 4 et 6 degrés la nuit), on est motivés et on part le matin pour The Window, une balade de 7 km au total qui mène à une « fenêtre » sur le parc. On avait tenté de la faire avec Juliette la première journée, mais la chaleur, le manque de gaz (lire: bouffe) et de sieste nous avaient contraintes à rebrousser chemin aux 2/3. Bien repus du déjeuner classique: bagels et fromage à la crème, toast avec banane et beurre de pinottes ou amandes, avec café de chez Café Rico à Montréal, on prend la route avec le sourire. Car faut dire que Juliette adore la randonnée! Quelle chance! Elle est curieuse, veut savoir le nom de toutes les plantes, oiseaux, insectes, qu’on croise! J’ai pas réponse à tout, mais mon bagage, acquis au fil de mes voyages depuis 1991, la nourrissent et font travailler ma mémoire! Pause diner au bout de la trail: fraises, noix, barres de fruits, bâtons de sésame… je prépare toujours plein de petits plats pour plaire à tous et varier les bouchées. Puis ça y est: papa fait le singe et Juliette le suit! La balade du retour est un peu plus intense car c’est un faux-plat dont le dernier mile est une série d’escaliers parfois un peu hauts pour les petites jambes de ma championne, mais qui lui confèrent un début de petits mollets de randonneuse, ce dont elle est fière!


Végétation de désert!

Ma fille aime la rando: je suis comblée!

The Window... on distingue au loin le décor du reste du parc.

Les débuts d'une longue carrière, bien encouragée par papa!

Jour 4, samedi matin. On se réveille sous la pluie. On avait prévu le coup la veille et on avait tout rangé à l’intérieur. On saute tout de suite au volant, laissant Juliette derrière dans le lit: on lui avait dit que quand on ferait des petites routes, elle pourrait rester derrière, et la route du parc ce matin-là, déserte et droite, s’y prêtait. La météo et notre avance sur les gens arrivant de l’extérieur nous permet d’atteindre le Rio Grande Village tôt et de choisir un super site avec abri, car la pluie ne durera pas. On fait du lavage, de l’internet: même Juliette a droit à sa dose et a choisi une émission des « Mystérieuses citées d’or » (un leitmotiv du voyage car elle chante à tue-tête et à qui-mieux-mieux la chanson-thème, comme bien des enfants, tel que le témoigne le couloir du CPE). Quand le soleil revient, on se fait une balade du côté du Rio Grande. On aperçoit au loin Boquillas del Carmen, une petite ville mexicaine. Juliette se baigne et en redemande. On lui promet une baignade-surprise le lendemain. De retour au camp, il fait chaud… enfin! Car à 1 800 pi, tout est plus confortable!


Boquillas del Carmen et ses couleurs pastel

Le fameux Rio Grande, côté USA

Beau site avec abri pour le soleil et la pluie et isolé des voisins: grand luxe!

Jour 5, on sort du parc. Mais avant: dirt roads, hot springs et baignade dans le Rio Grande. Stef et Zingaro ont du plaisir sur cette route recommandée aux 4x4. Bah, des moumounes, c’est pas si pire que ça et ça met l’eau à la bouche pour l’Utah! Stef apprécie ses nouveaux pneus qui grippent! Rendus en bas: un immense hot spring assez désert vu l’heure. On fait trempette à 105 degrés! Juliette jubile. Elle me dit en revenant qu’elle veut refaire des piscines chaudes comme ça dans le voyage. Parfait: j’en connais d’autres en Californie et au Nevada. Le design du bain est tel qu’on peut s’asseoir plus bas dans le Rio Grande et bénéficier du contraste chaud dans le dos et froid aux pieds! On joue longuement, puis il est temps de prendre la route.

Stef qui se laisse enfin séduire, et Juliette la sirène qui se prélasse!

L'oasis de palmiers à droite, les ruines à gauche. Tout le charme du désert

Zingaro et papa qui s'amusent en symbiose parfaite! Papa tripe sur ses pneus et veut le faire encore et encore!

Quel plaisir, encore, que de conduire dans ces décors désertiques. Ce parc est grandiose et vaste. Son paysage varie entre sommets abruptes de 8 000 pieds et badlands aux couleurs d’ocre, de blanc et de rouge. On a de la musique dans le jambox et on est seuls en avant: Juliette profite encore d’une ride à l’arrière. Elle est silencieuse, contemplative, avant de s’abandonner à une sieste. On passe par Terlingua, une ville fantôme qui est plus un musée à ciel ouvert. Minimal mais nous on aime! On continue cette grande route déserte la bouche ouverte d'émerveillement. Puis soudain: inspection point droit devant! Stef roule au ralenti: je passe par-dessus la banquette, secoue Juliette, lui dit que la police va arrêter Zingaro et qu’il faut s’asseoir en avant! On passe de l’autre côté. Ouf… Tout ça parce que des Mexicains pourraient entrer illégalement dans ce beau pays! Pfff, ça fait deux fois qu’on se fait arrêter, et ils ne demandent même pas à ouvrir Zing… alors qu’on pourrait facilement cacher une famille de fugitifs dans la van! C’est un peu de la rigolade.


Télé HD extra grand format!

Le charme du kitsh: maison adobe, vieille voiture vintage et tipi!

Et c’est comme ça que se termine notre périple dans ce parc sauvage et reculé, à la frontière du Mexique. Il est temps de prendre la route du nord pour deux autres parcs nationaux, histoire de rentabiliser notre carte annuelle: Guadalupe Mountains et Carlsbad Caverns. 

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