Avec le temps, l'arrivée du soleil et le confort de notre belle terrasse, on s'est habitué. La seule qui semblait contente de son sort était Juliette, qui retrouvait son univers, ses jouets, ses amis. Elle nous a catégoriquement dit qu'il était « hors de question » qu'on reparte en long voyage. Alors pour le moment, notre seul moyen de voyager, est de regarder nos photos et de rêver au prochain départ.
Et il y a aussi le blogue! Au départ, il se voulait une plate-forme pour partager nos réflexions et nos aventures pendant qu'on est sur la route. Mais la vie sur la route étant ce qu'elle est, avec ses contraintes et ses moments moins forts, les dernières semaines de voyage ont été moins propices à l'écriture. Mais avec du recul, la passion de raconter et de partager revient. On a donc décidé de maintenir le blogue en vie en ajoutant des articles et des photos de cette aventure et en vous entretenant de nos activités futures, des transformations du camion, nos réflexions sur la vie de nomade et autres sujets palpitants, comme des meet-up de vanlifers (on en a deux au menu ce mois-ci)!
Question flashback, l'Oregon est un excellent point de départ. D'abord parce que chronologiquement, c'est pas mal là qu'on vous a laissés. De plus, l'Oregon fait partie de mes états préférés et ses décors magnifiques, un peu moins connus que ceux de la Californie, méritent une place sur ce blogue. Mais c'est surtout parce qu'on y a rencontré des gens attachants qui ont marqué notre voyage et nos réflexions que j'insiste pour revenir si loin dans le temps (on parle de fin mai...).
Mentionnons toutefois qu’en quittant Moab, en Utah, on a dû faire le choix difficile de ne pas rendre visite à nos amis de Petaluma, en Californie, et même, de ne pas aller en Californie du tout: bye bye route 395, séquoias et volcans. Vraiment, ce détour semblait insurmontable à ce stade du voyage où la fatigue et l’envie de se poser l’ont emporté. Mais ce n’était pas gagné non plus, car rejoindre la côte de l’Oregon représentait une distance de 1 800 km, sans grande attraction pour prendre une pause. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas roulé autant, car en Utah, on a misé sur de petites distances pour maximiser le plaisir. Mais puisqu'on avait envie d'un changement majeur de décor, et que la neige nous poussait hors des limites de Moab, on a entamé notre périple vers la mer. Après une visite au musée des dinosaures à Price, on a pris la route vers midi, bien déterminés à traverser le Nevada, sans trop savoir par quel chemin. Hormis une pause curiosité pour une marche lunaire sur le grand lac salé et un souper pizza en ville, on a roulé quasi non stop jusqu’à minuit, jusqu’aux portes de l’Oregon.
Juliette n'en revient pas: du sel, du sel, et on peut marcher dessus nus pieds! |
Le lendemain, n’étant point installés dans un endroit idyllique pour se faire un café, on a décidé de partir au lever du soleil et de s’arrêter déjeuner quand Juliette se lèverait. C’est l’un de ces petits matins tranquilles où les antilopes sautillent dans les champs verdoyants sur une route panoramique.
Mais c’était encore un vendredi… c’est pas un bon timing pour trouver une place dans un BLM, mais l’entêtement de Stef à faire des petites routes de campagne non pavées a eu raison des foules! En fin de journée, on a trouvé un beau site sur le bord de l’eau et on s’y est posé deux nuits car quand on a un spot la fin de semaine, on ne bouge surtout pas! Là on se sentait en vacances, la chaise de camping et la bière sur le bord du lac, discutant du futur aménagement de notre éventuel terrain sur le bord de l’eau. C’est beau rêver, et ça fait du bien d’avoir des projets communs!
On s'installe pour deux jours au parc Eagle Ridge près de Klamath falls |
Mais on était encore bien loin de la côte de l’Oregon, alors on a pris la route à l’aube, motivés par l’idée de dormir sur l’océan pacifique. Stef appelait ça la phase II du voyage et avait choisi un state parc à la frontière de la Californie, dont les sites semblaient donner sur la plage. Bien sûr, les sites sans services ne donnaient pas sur la plage (pour ça il aurait fallu payer 30$/nuit, pfff!), mais c’est l’un des meilleurs 20$/nuit qu’on a eus car la douche était super chaude, le camping était dans une forêt de cèdres rouges géants et un petit sentier nous emmenait à la plage. On a mangé du BBQ et fait des guimauves sur le feu. Du vrai camping, quoi!
Le gros luxe, pour 20 US$ la nuit! |
Cette pause de trois nuits sur l’océan pacifique a été une récompense à plusieurs égards (est-ce que j'ai mentionné la douche chaude?). C’est rare qu’on se soit posé si longtemps, et c’est un aspect du voyage qu’on regrette. Ça faisait partie des plans de faire moins de route et de se poser au même endroit plusieurs nuits. On a réussi à le faire plus souvent que dans nos voyages précédents, mais pas assez encore. Faut dire que souvent, ce qui nous faisait bouger, c’était la mauvaise météo. Il faut bien admettre par contre que notre seuil de tolérance au froid est assez limité. N’ayant ni chauffage au propane, ni moyen de cuisiner à l’intérieur de Zingaro, il était difficile de passer des nuits en dessous de 6-8 degrés, même si on l’a fait quelques fois. C’était notre choix, notre défi aussi: vivre dehors!
En Oregon, des rochers poussent dans l'océan! |
On espérait pouvoir rouler le plus près de la côte possible sans frapper de brouillard, comme ce fut malheureusement le cas en 2012. Le plan était de descendre vers le sud pour montrer les redwoods à Juliette et faire un peu de vélo sur la côte californienne. Mais après avoir viraillé une heure dans la construction suite aux éboulement de terrain sur la fameuse route 1, on a rebroussé chemin sans atteindre le fameux parc d’arbres géants, bien mal indiqué d’ailleurs. En plus, il faisait gris et le brouillard flirtait avec la côte. Sérieusement, il faisait ben plus beau en Oregon. On n’aura pas eu de chance avec la Californie cette année; on se reprendra!
Coucher de soleil, dernier soir au SP |
Oh quelle bonne décision! La route 1 vers le nord est belle, les rochers se baignent les pieds dans l’eau et les plages sont interminables! Enfin le décor dont on rêvait! Le point culminant de la côte se trouve à Bandon. Après avoir déjeuné dans le parc municipal tel des vagabonds, on est descendus à la plage pour savourer l’instant présent. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut admirer l’océan pacifique! Au loin, une bande de phoques se dorent au soleil!
C’est un matin parfait et on traine un peu car on sait qu’on quitte le bord de l’eau pour s’enfoncer dans les terres, le temps d’une visite chez mon cousin Yvan à Roseburg, et d'une autre chez les « cousins de Portland », comme on les appelle.
La route entre la côte et Roseburg est pittoresque avec ses rivières et ses champs verts. On se dit que c’est le genre de route qu’on n’aurait pas eu l’idée de faire si ce n’avait pas été de mon cousin. Je savais très peu de choses sur mon cousin et sa famille car, même du temps qu’il habitait au Québec, on se voyait rarement, mes parents étant du type sédentaire. Je me souvenais juste que quand j’étais petite, c’était chez ses parents que je vivais le dépaysement le plus marqué par rapport à ma petite vie de banlieusarde de Québec. Mon oncle étant ébéniste et ma tante suivant les tendances hippies, leur maison était chaleureuse et originale. Un piano droit meublait le centre de la pièce de vie. À la grande fenêtre de la cuisine étaient empilés des tonnes de bocaux dans lesquels d’étranges graines germaient. Ça m’impressionnait, ça m’intriguait, ça m'appelait. Alors dès que j’ai vu les pots de verre empilés dans les grandes armoires en rentrant chez mon cousin, j’ai su qu’on serait dans notre élément.
Ça fait drôle de visiter un cousin qu’on ne connait pas. On ne savait pas à quoi s'attendre et j'étais gênée car on s'est quand même invités chez eux. Mais comme on est très peu de cousins à s’être exilés hors Québec, j'étais curieuse de rencontrer leur famille car mon expérience à Kelowna en 2012 chez Annie m'avait révélé une toute autre personne que celle que j'ai connue étant jeune. Pour briser la glace, on fait le tour du jardin avec les serres, les arbres fruitiers, les animaux. Juliette se régale de fruits exotiques et je sens bien qu'on aura un jour besoin de ce mode de vie, plus sédentaire et rural, car on est tous les trois sous le charme. Puis on nous sert un délicieux repas de lasagnes (miam... en van, on peut pas faire de lasagne) autour d'une grande table où famille, employés, stagiaires, se réunissent pour partager leurs idées dans le respect les uns des autres. Après le souper, autre visite des lieux. Juliette jubile à l'idée d'avoir le droit de se balader dans la boite du pick up! J'avoue que j'avais jamais fait ça non plus. Le reste de la soirée se fait tout en musique. Juliette danse au rythme des airs à saveur irlandaise où les voix se mélangent harmonieusement avec guitare, banjo, violon, violoncelle et piano, rien de moins! Le lendemain, autre repas en famille étendue, gaufres, les seules en 5 mois! Quelle gâterie, c'est le déjeuner préféré de Juliette. On a été reçus comme des amis de longue date, et le départ fut difficile car on se disait qu'on emménagerait bien ici, prêter nos bras aux activités de la ferme contre un petit coin pour bâtir une mini-maison! L'énergie et la gentillesse de ces gens sont contagieuses et je constate à travers cette expérience, que je partage beaucoup plus de traits avec ma famille que je ne le pensais. Ça m’a vraiment donné envie d’aller rencontrer d’autres cousins que je ne connais pas vraiment. Merci Yvan, Diane et Jacob, et merci à tous ceux qui étaient présents et ont fait de ce passage, l'un de nos rares moments de grâce autour d'une table, dans une maison!
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